Église Évangélique Mennonite de Baccarat

Temple Protestant

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La souveraineté de Dieu fait-elle de nous des marionnettes ?

Pierre Bachelet chantait en 1985 :« Mais dit moi tout marionnettiste, tu me fais faire un tour de piste, j’ai des ficelles à mon destin, mais où je vais-je n’en sais rien  »

Un chrétien peut-il s’approprier ses paroles ? La souveraineté de Dieu fait-elle de nous des personnes programmées à exécuter la volonté de Dieu sans pouvoir choisir.

L’empreinte des pas que nous faisons serait-elle déjà inscrite dans le sol ? Mes choix seraient-ils déjà définis par Dieu une fois pour toute ?

Il est parfois étonnant de voir des personnes faire des projets et s’ils ne se réalisent pas dire aussitôt « ce n’était pas la volonté de Dieu » Cela serait-il une manière de ne pas reconnaitre nos échec  ou nos mauvais choix ?

Je pense que la parole de Dieu ne nous enseigne pas à croire que tout est écrit d’avance et doit s’accomplir sans que l’homme ne puisse rien y changer

Bien sûr que je crois à la toute-puissance de ce Dieu trois fois saint qui écrit l’histoire de l’humanité et je suis convaincu que rien ne s’oppose à sa volonté.

Mais je crois que dans sa toute- puissance, Dieu nous rend participant de son écrit. Il utilise nos bons choix pour faire avancer son plan de salut, mais il utilise aussi nos mauvais choix.

J’aimerais donner quelques exemples :

Dans le livre de la genèse Dieu donne un interdit clair à Adam et Ève. Ils étaient libres d’obéir ou pas. Et même s’il l’on dit « Dieu savait ce qu’il allait faire  « cela n’enlève rien à leur libre choix et la responsabilité qu’ils avaient de choisir le bien plutôt que le mal. Sinon Dieu aurait demandé à l’homme de faire un choix qu’il n’était pas capable de faire. Nous pourrions nous demander pourquoi ?

Lorsque Dieu parle à Caïn alors que celui-ci a dans son cœur le projet de tuer son frère Dieu lui dit : « Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. »

Dieu lui montre qu’il peut choisir entre le bien et le mal et il l’invite à faire le bon choix qui est ici de dominer le péché qui se couche à sa porte. Dire que c’était écrit qu’il devait pécher c’est comme dire que Dieu avait décidé de faire de lui un meurtrier.

Dieu a promis une descendance à Abraham. Mais Abraham et Sara ont décidé ensemble d’accomplir la promesse sans attendre l’heure de Dieu qui à leur avis ne s’accomplissait pas assez vite. Ils ont imaginé le « plan Agar ». Ce n’était pas la volonté de Dieu que la descendance d’Abraham passe par Agar. Cette désobéissance du couple élu n’a pas empêché le plan de Dieu de s’accomplir. Sara a eu un fils qui a été le fils de la promesse. Mais l’enfant d’Agar a eu une descendance bien que ce n’était pas la volonté de Dieu.

Ce n’était pas non plus la volonté de Dieu que le roi David commette l’adultère avec Bath-Schéba mais il a  laissé faire. Pourtant la conséquence de sa faute amènera une guerre civile.

Un accent trop fort sur la souveraineté de Dieu qui fait ce qu’il veut sans tenir compte de nos choix donne l’image d’un Dieu autoritaire voire d’un dictateur. La bible nous parle plutôt d’un père qui aime ses enfants, qui se soucis d’eux et qui veut les intégrer à son peuple tout en leur laissant le choix de la décision.

Jésus, le Dieu qui se fait homme, le tout puissant qui est venu parmi les siens nous appelle nous chrétiens à vivre selon le sermon sur la montagne. Il ne nous a jamais dit « voilà comment vous allez vivre parce que c’est ma volonté et que je suis tout puissant pour vous faire obéir », mais il nous dit « Voilà vers quoi vous devez tendre ». Il n’a pas dit « voilà l’idéal dans lequel vous allez être, mais voilà l’idéal que vous devez rechercher ». Chacun étant responsable d’obéir ou de désobéir.

Jésus en tant que Fils de Dieu, dans le jardin de Gethsémané, demande à son Père d’éloigner cette coupe (la croix), et dit « non pas ce que je veux mais ce que tu veux». Ce qui implique que Jésus devait à ce moment-là choisir de se soumettre volontairement à la volonté du Père.

Il y a des dangers à mal comprendre la souveraineté de Dieu

Le premier que je vois et de se déresponsabiliser ou d’être démotivé dans le travail d’évangélisation en pensant que Dieu dans sa souveraineté amènera les élus au salut.

Si tout est décidé, écrit d’avance, pourquoi annoncer l’évangile, pourquoi envoyer des missionnaires ?

Pourtant nous voyons dans la bible, que l’Apôtre Paul qui a écrit les passages de l’épitre aux Romains qui semblent montrer une souveraineté totale de Dieu dans le salut court par monts et par vaux pour  sauver les perdus,  il se fait tout à tous afin d’en sauver quelques-uns, juifs et grecs

Nous voyons que Jésus a envoyé ses disciples en mission « Allez, faites de toutes les nations des disciples »Il les a mis au travail en les responsabilisant.

Les prédications de Jean Baptiste, de Jésus, des Apôtres sont un appel à la volonté de l’homme pour qu’il se repente. La foi vient de ce que l’on entend

Nous pouvons aussi nous demander pourquoi prier puisque Dieu sait tout et que tout se passera selon sa volonté ?

Dans ce cas pourquoi Jésus passe-t-il une nuit entière en prière avant de choisir ses disciples ?

La lecture de la bible montre l’importance de la prière dans la vie du peuple de Dieu que ce soit sous l’ancienne ou la nouvelle alliance.

L’apôtre Paul est un modèle dans ce domaine.

J.Pierre

1 Souveraineté de Dieu : Ce terme théologique désigne le pouvoir libre et illimité de Dieu qui exerce un contrôle absolu sur le monde et sur l’histoire.  « Le nouveau dictionnaire biblique ». Editions Emmaüs 1992.
2 Genèse 2 et 3
3 Genèse 4, 7
4 Genèse 12, 2
5 Genèse 16
6 2 Samuel 11, 2 et suivant
7 Jean 1, 14
8 Sermon sur la montagne : Matthieu 5 à 7
9 Matthieu 26, 39
10 Romains 9 et 11 voir aussi Ephésiens 1
11 1 Corinthiens 9, 22
12 Matthieu 29, 19
13 Actes 2, 38. Actes 4, 19
14 Romains 10, 17